Skip to main content

Les droits des travailleuses et travailleurs portuaires australiens doivent être respectés – ITF

Actualités 05 Oct 2020

La Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF) est intervenue dans le conflit social naissant entre Patrick Stevedores et le Maritime Union of Australia (MUA) pour rappeler à Patrick, à plusieurs compagnies maritimes internationales, et même au gouvernement australien, qu’ils portent atteinte au droit de négociation collective des travailleuses et travailleurs portuaires, droit humain que ceux-ci peuvent exercer en vue d’obtenir un accord industriel équitable.

 

Patrick devrait accepter le « rameau d’olivier » tendu par le MUA et mettre fin au conflit

Le Secrétaire général de l’ITF Stephen Cotton a fait part de l’inquiétude croissante de la fédération syndicale internationale au sujet des propos tenus par le gouvernement australien. Ainsi, cette semaine, le Premier ministre Scott Morrison a menacé d’envoyer des troupes pour briser les actions revendicatives légales des travailleuses et travailleurs portuaires et de refuser à ceux-ci l’exercice des droits que leur confèrent la législation australienne et le droit international.

« Ces dockers ont respecté la loi à la lettre. Ils ont travaillé sans discontinuer pour maintenir la fluidité des chaînes d’approvisionnement pendant cette pandémie et faire en sorte que les magasins ne soient pas à court de produits. Le moment est maintenant venu pour ces travailleuses et travailleurs de se battre pour stopper la forte dégradation de leurs conditions de travail orchestrée par leur employeur. En outre, leur propre gouvernement s’en prend à eux de manière franchement hystérique et antidémocratique. »

« Si je ne m’abuse, le MUA a proposé non pas une seule fois mais trois à ce jour, la reconduction de l’accord existant pour éviter les conflits inutiles en cette période difficile traversée par l’Australie et le monde entier », a fait remarquer Cotton.

Cotton a ajouté que le MUA avait travaillé sans relâche pour faire en sorte que les Australiens ne se ressentent pas du conflit, « ces personnes mêmes que les dockers sont fiers d’avoir continué à ravitailler depuis le début de la pandémie ». Le 2 septembre 2020, le MUA a écrit à Patrick pour réclamer des mesures permettant de garantir que les fournitures médicales puissent être acheminées sans difficulté en cas d’actions revendicatives protégées.

« Il y a plus de deux semaines, le MUA a proposé de suspendre toute action revendicative dans les terminaux Patrick à la condition que l’entreprise accepte de renoncer à ses tentatives d’atteinte aux conditions de travail existantes et de reprendre des négociations constructives. La compagnie a rejeté cette offre. »

« Pour les observateurs internationaux, une chose est claire : alors que le MUA leur tend un rameau d’olivier, Patrick Stevedores et ses alliés au sein du gouvernement Morrison sont déterminés à accentuer ce conflit dans le cadre de la tentative de Patrick d’imposer de fortes réductions des salaires et conditions de travail de ces travailleuses et travailleurs clés. »

« Il semble que Patrick Stevedores tente de fabriquer une crise de toutes pièces à Port Botany, pour pouvoir ensuite mener à bien sa stratégie consistant à supprimer 30 pages des conditions de travail. »

« Ce conflit évoque le sombre souvenir du conflit des dockers australiens de 1998 (Waterfront Dispute), lorsqu’un précédent gouvernement du Parti libéral soutenait la formation secrète d’une main-d’œuvre de ‘jaunes’ (briseurs de grève) et que les ministres de ce même parti utilisaient leurs tribunes pour diaboliser les dockers et leurs familles. »

« Soyons très clairs : le mouvement syndical international ne va pas rester les bras ballants et laisser se reproduire le scénario de 1998. Nous nous appuierons sur notre influence mondiale et nos vastes réseaux pour défendre les droits de ces travailleuses et travailleurs australiens, même si leur gouvernement s’y refuse », a dit Cotton.

 

Compagnies maritimes internationales avisées

La Coordinatrice maritime de l’ITF Jacqueline Smith a indiqué que l’ITF s’entretiendrait avec au moins deux compagnies maritimes internationales de premier plan, dont la fédération pense qu’elles se sont engagées dans le conflit en prenant le parti de l’entreprise portuaire.

« Selon nos informations, des navires ont été détournés inutilement de Botany vers d’autres ports australiens, alors qu’il n’y avait aucune action revendicative en cours visant à ralentir ou arrêter l’acheminement des cargaisons », a déclaré Smith.

« Le risque existe que ces compagnies donnent la fausse impression que les dockers de Port Botany sont, à titre quelconque, responsables des décisions des compagnies de détourner leurs navires. Or, les dockers ne sont pas responsables de cette situation. »

« Nous invitons toutes les compagnies du secteur maritime à respecter les droits fondamentaux des travailleuses et travailleurs de négocier collectivement et de défendre leurs conditions de travail obtenues de haute lutte – sur l’eau et à terre. L’attitude des compagnies maritimes laissant penser qu’elles sont susceptibles de soutenir l’une ou l’autre partie nuit considérablement et de façon irrémédiable à la réputation de ces compagnies », a souligné Smith.

 

Solidarité chez les dockers pour empêcher les baisses de salaires de se propager « comme un virus »

Le Coordinateur de la Section des dockers de l’ITF Enrico Tortolano a expliqué que les syndicats de dockers du monde entier se préparaient à présent à apporter leur soutien solidaire au MUA.

« À travers le monde, la famille des dockers de l’ITF va faire tout son possible pour empêcher un travail de sape des acquis sociaux visant nos camarades de Port Botany », a indiqué Tortolano.

« Il est très révélateur que Patrick Stevedores refuse jusqu’à présent de reconduire le contrat actuel, exigeant au lieu de cela une forte révision à la baisse des conditions de travail. »

« Depuis près d’un siècle, les dockers sont en première ligne du combat qui a permis à tous les travailleuses et travailleurs de bénéficier de meilleurs salaires et conditions de travail. Aujourd’hui, en pleine pandémie, il semble que les dockers doivent encore une fois monter au créneau pour empêcher la détérioration des salaires et conditions de travail de se propager comme un virus à travers la société », a déclaré Tortolano.

SUR LE TERRAIN