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La crise de relève des équipages affecte une fonderie australienne dans le dernier incident en date

Actualités Communiqué de presse 11 Aug 2020

La Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF) et le Maritime Union of Australia déclarent que l’incapacité du gouvernement à soutenir les relèves d’équipage va maintenant coûter des millions de dollars à une fonderie et encore davantage à l’économie locale, alors que les syndicats aident l’équipage birman exténué de l’Unison Jasper à arrêter de travailler et à quitter le navire.

Le vraquier Unison Jasper transportait de l’alumine à destination de la fonderie d’aluminium Tomago Aluminium située près de Newcastle quand il a été récemment immobilisé par l’Australian Maritime Safety Authority (AMSA), l’autorité australienne de sécurité maritime, au port de Newcastle. Cette décision a été prise à la suite d’allégations selon lesquelles les membres d’équipage étaient maltraités, intimidés et forcés à signer des prolongations de contrat qui les auraient contraints à rester à bord jusqu’à 14 mois, bien au-delà de la durée maximale légale de 11 mois.

Les syndicats ont prévenu l’AMSA des violations des droits humains, et l’agence est immédiatement intervenue. Selon Dean Summers, le Coordinateur ITF pour l’Australie, l’immobilisation du navire montre que les agences de contrôle par l’État du port telles que l’AMSA agissent quand les gens de mer disent « Ça suffit ! » et se battent pour faire valoir leur droit de quitter le navire sur fond d’intensification de la crise de relève des équipages.

« C’est le dernier incident en date où les gens de mer se mobilisent pour exercer leur droit humain d’arrêter de travailler à l’expiration de leurs contrats et de quitter ces navires. Le fait que ces marins étaient déjà en mer depuis 13 mois quand les autorités australiennes ont accordé au navire une licence pour effectuer ce parcours le long de la côte australienne est absolument scandaleux », déclare Summers.

« L’exploitation est inévitable quand le gouvernement fédéral autorise des navires à équipage étranger à remplacer des emplois australiens. »

« Les membres d’équipage ont déclaré : « À présent, nous n’allons pas lever l’ancre pour aller où que ce soit » ; ils ont ensuite descendu la passerelle et quitté le navire. Le navire ne va effectivement nulle part. Il incombe désormais aux propriétaires taïwanais, qui ont tiré profit de l’exploitation de ces marins, de prendre en charge un navire mort occupant un poste d’amarrage très coûteux, alors que les pertes vont s’accumuler pour la fonderie et leurs amis », ajoute Summers.

Vendredi dernier, les syndicats ont construit un brise-vent autour des membres d’équipage regroupés dans la zone des docks, puisque les restrictions liées à la pandémie de Covid-19 empêchaient l’équipage de s’éloigner de plus de 13 mètres du navire.

« Cela révèle l’absurdité des règles adoptées par des gouvernements comme celui de l’Australie dans un monde en proie à une pandémie. Malgré l’expérience intimidante vécue par ces marins, on les empêche de s’éloigner de plus de 13 mètres du navire. Nos règles ridicules leur interdisent même cette dignité », commente Summers.

« L’ITF et ses affiliés ont été clairs : les gouvernements doivent mettre en place des dérogations pratiques aux règles en matière de voyage, de transit et de quarantaine pour les gens de mer, afin qu’ils puissent embarquer sur les navires et les quitter. Je suis certain que la situation de l’Unison Jasper est une conséquence de l’inaction du gouvernement fédéral, qui n’a pas coordonné l’industrie, que ce soit entre États, entre agences et sur le plan international. »

« C’est une leçon pour les responsables politiques et les bureaucrates qui semblent incapables de mettre en place un système de voies réservées (green lanes) pour les gens de mer de manière à permettre la relève des équipages. Avec un tel système, les gens de mer n’auraient plus besoin de recourir à l’initiative radicale d’arrêter des navires, comme ils l’ont fait ici », poursuit-il.

À présent, le navire ne bougera pas tant que ses propriétaires n’auront pas trouvé de nouveaux membres d’équipage, qui devront eux-mêmes se mettre en quatorzaine à leur arrivée en Australie, même s’ils détiennent un document établi dans leur pays d’origine attestant un résultat négatif de test au Covid-19.

« L’Unison Jasper va être immobilisé pendant des semaines, peut-être un mois, ce qui ne va pas favoriser la relance économique de l’Australie. C’est le prix de l’indifférence au sort d’une main-d’œuvre exténuée et de l’application de règles générales à cette main-d’œuvre essentielle. Cet incident aurait pu être évité, mais pour cela, il aurait fallu que nos dirigeants agissent. Si rien n’est fait, cela ne sera pas le dernier navire à être immobilisé », déclare Summers.

« Nos ports sont au bord de la saturation, regorgeant de navires dans l’incapacité de naviguer, non pas du fait d’actions revendicatives organisées par les syndicats, mais en raison de l’état d’épuisement total de gens de mer oubliés. Ne serait-ce que du fait de la menace de l’arrêt des activités commerciales, les exportateurs australiens devraient demander aux responsables politiques la raison de l’intensification de cette crise. »

« Ce cas révèle un manque de coordination au niveau des agences gouvernementales, et les gens de mer en subissent les conséquences. Si les gouvernements ne travaillent pas dans un esprit de collaboration, tant au niveau national qu’international, les marins seront plus nombreux à dire : « Ça suffit ! », et davantage de navires seront retardés. Cela pourrait coûter des milliards à l’industrie. Alors, peut-être, les responsables politiques et les bureaucrates se décideront à réagir », fait-il remarquer.

Note : 

Pour des compléments d’information sur les allégations de vol de salaires, de pratiques abusives et d’intimidation, voir le communiqué MUA ici : https://www.mua.org.au/news/newcastle-bulk-carrier-detained-after-seafarers-intimidated-underpaid-and-forced-sail-14-months

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